Jean-Pierre Chapleau

Certains ont la capacité de faire jaillir couleurs et formes en maniant habilement le pinceau ou la gouge. Je ne suis pas de ceux-là.

Mon pinceau est dans mon œil. Ma gouge est la lumière. Mon matériau est la nature. Mon art est pure observation, pure contemplation, et ça me comble!

Tant de beauté inaperçue, tant de beauté dissimulée, tant de beauté à débusquer. L’art est pour moi l’art d’apercevoir, de capter, de mettre en valeur et de partager. Partager mon émerveillement devant l’extrême harmonie de l’envol du grand chevalier ou de la bernache, l’extrême beauté du fin duvet de l’oisillon à contrejour, de la roche parée de lichen sous la pluie, des arabesques formées par le givre à la fenêtre…

La nature est la plus grande artiste. Derrière le viseur de ma caméra, je la scrute et l’espionne patiemment, parfois secrètement. Je veux lui rendre justice, et ainsi toucher le cœur des gens.

Durant toute ma vie, mes centres d’intérêt ont collé au fil conducteur de la nature et de la vie : apiculture, jardinage, sylviculture, randonnées en forêt, mycologie, pêche à la mouche, ornithologie. Je nommerais aussi la pratique du tai ji quan qui est pour moi une sorte d’éloge de la vie, et qui m’a beaucoup aidé à voir et à recevoir la beauté.

Mon premier contact avec la photographie remonte à mon adolescence alors que je construisais et équipais une chambre noire dans le sous-sol de la maison familiale. La maîtrise des aspects techniques résulte d’un long apprentissage, en autodidacte. J’ai pratiqué la photo durant toute ma vie, mais par intermittence. Ce n’est que maintenant, avec toutes ces années de vie accumulées, que je peux m’y engager avec tout mon être, et aspirer réellement à une forme d’expression artistique, une sorte de photosynthèse dans ma vie.