France-Anne Blanchet

Lorsque j’ai vu le projet Riopel de Robert Lepage, ça m’a frappée : les disciplines artistiques existent, mais elles ne définissent pas les artistes du Refus global. Ces êtres plus grands que nature, s’identifiaient comme artiste, utilisaient différentes disciplines pour exprimer leur génie créatif sans se cantonner à une seule. Artiste. Quel beau mot. Non genré en plus! Tous les enfants peuvent s’identifier et se projeter comme artiste. C’est ce que j’aspire à être, à mettre au service des gens et incarner lorsque que je travaille à développer tous mes projets. Les disciplines s’avèrent pour moi des outils, des moyens pour parvenir à faire vivre quelque chose d’unique à d’autres humains.

Jusqu’à 30 ans, mon travail consistait à aider les gens. Travailleuse de milieu communautaire, mais surtout militante, manifestante, grande gueule pour les désœuvrés… L’injustice m’a aspirée dans un combat incessant où je me suis complètement oubliée. À cet âge, sur un coup de tête, je quitte Québec pour un petit village de 16 maisons au sommet des Appalaches. Sans téléphone ni voiture. À des kilomètres de tout service, je réalise que je ne vais pas bien et je me pose… Alors que je n’avais jamais eu de talent ou d’attirance pour tout ce qui est manuel, j’apprends à réaliser des objets de vitrail à partir d’un kit complet dont j’ai hérité. Internet n’existe pas… j’apprends à force d’essais et d’erreurs. Il reste des vestiges de ces réalisations sur mon vieux site WEB.

J’ai fait exactement la même chose avec le tricot machine qui m’a fait vivre pendant plus de 3 ans.

Après avoir terminé mon baccalauréat en histoire à l’université Laval (en 4 ans, 2 jours semaine en me déplaçant sur le pouce 😉de Saint-Julien à Québec), j’ai ensuite écrit pour la jeunesse. En 2008, je laisse tomber un emploi permanent à temps plein, aspirant à vivre de ma plume. Aujourd’hui, je remercie ma naïveté et mon audace! C’est cette décision irrationnelle qui a fait de moi une artiste professionnelle.

En 2004 débute mon aventure avec les poules savantes. Ces bêtes fascinantes cadrent parfaitement avec ce que je suis et ce que je tente de faire avec mes livres, soit, changer les regards. Mes premières animations avec elles visent à contrer l’intimidation. Puis, un spectacle grand public, qui dure depuis 10 ans, aura séduit des centaines d’enfants qui n’oublieront jamais mes collègues à plumes.

Mes premiers pas dans les arts visuels sont récents. Je cherchais un moyen pour faire participer tous les acteurs d’un OBNL dans une œuvre collective et j’ai développé des techniques pour y arriver.

Depuis, mon travail d’artiste est orienté vers l’autre. Tous les projets qui naissent à mon esprit s’orchestrent autour d’un projet collectif, visant à partager mes connaissances, pour réaliser une œuvre commune, idéalement pérenne, qui fera du bien pendant longtemps à tous les participants. Mon art a pour moteur mon instinct qui a su, et saura sans doute, me mettre les bons outils dans les mains pour servir au mieux mes compères humains.