Diane Gravel

En tant qu’artiste multidisciplinaire, que ce soit par mes créations en arts visuels et littéraires, l’indispensable présence en forêt suscite une réflexion qui a du cœur. Le milieu forestier offre en retour l’inspiration nécessaire à des mains qui ont quelque chose à dire : transmettre des clés de significations sur des réalités de la vie contemporaine en abordant quatre grands thèmes, soit la protection de l’enfance (principalement en art littéraire), l’environnement, des histoires de vie et la mort.

L’intention est de toucher l’humain en lui-même. Créateur et observateur. Pour y arriver, je puise à mon imaginaire, cet humus intérieur imprégné de représentations à valeur symbolique issue de mythes ancestraux, de figurations de légendes et de contes anciens, entrelacés d’enjeux sociaux et géopolitiques.

Parce que notre barque navigue sur des mers houleuses. À cause de la nature humaine, merveilleuse, terrible, parfois horrible qui, aujourd’hui, nous saute aux yeux. Et que ces mains refusent de dissimuler. Tout en considérant que perdre espoir n’est pas une option.

Arts visuels — Première formation en arts plastiques au cégep de Jonquière, suivit d’expériences de travail manuel en reboisement et en rénovation de maison, c’est de façon progressive que je renoue avec l’art qui m’animait jadis aux études : la sculpture, l’assemblage et le modelage. Aussi, je suis toujours sensible au symbolisme de la fin du XIXe et du début du XXe siècle en peinture. Par exemple, Evelyn De Morgan (1855-1919) propose The Dryad de la mythologie grecque ou Herman Hendrich (1854-1931) avec ses scènes de nuit, notamment Gretchen’s Appearance. Aujourd’hui, je découvre et je m’intéresse particulièrement aux travaux de l’artiste Marc Séguin, y reconnaissant cette nécessité de dire quelque chose sur le vif de l’émotion, qu’elle soit tendre ou dure. Jean Cocteau (1889-1963) est l’artiste éclectique qui a le plus influencé mes goûts et mon approche artistique pour les arts multiples entrecroisés.

Art littéraire — Dès que l’énergie particulière me poussant à écrire se manifeste, je peux me retrouver face à un chaos. La « façon de dire » m’interpelle : il ne suffit pas « de l’écrire ». Ma proposition littéraire doit ouvrir une fenêtre pour le lecteur. Avec le temps, j’ai découvert que mes idées prennent de la vigueur et de la clarté lorsque je manie, sculpte, assemble, magnifie la matière. Et quand un trait de lumière s’en dégage, je retourne au clavier. Le texte à travailler se déroulant sous mes yeux arrive à me surprendre. Second souffle limpide. Regard lucide. Source de joie profonde.

Milieu forestier — Lieu d’observation, d’inspiration et de cueillette d’objets destinés à la création : champignon amadouvier, broussin, pli d’un pan de la rivière (feuille de schiste), éclats de quartz, écorce de frêne mort, restes animaliers. De nature organique, différentes méthodes sont utilisées pour préserver ces substrats, selon divers types de séchage, d’hydratation (dont la glycérine), d’aseptisation, de comblement (polymère et mortier de structure), de polissage et de finition (vernis ou résines).